Page:Aulnoy - Contes des Fées (éd. Corbet), 1825.djvu/584

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plaisir.

— Nous avons été ravies de vous servir, dit Blondine, et si vous vouliez souper ici, nous ferions encore mieux.

— Oh ! que l’on est heureux, s’écria la vieille, lorsqu’on est née avec un cœur si bien faisant ! mais croyez-vous n’en pas recevoir la récompense ? Soyez certaines, continua-t-elle, que le premier souhait que vous ferez sans songer à moi sera accompli. » En même temps elle disparut, et elles n’eurent pas lieu de douter que ce ne fût une fée.

Cette aventure les étonna : elles n’en avaient jamais vue ; elles étaient peureuses, de sorte que pendant cinq ou six mois elles en parlèrent : et sitôt qu’elles désiraient quelque chose, elles pensaient à elle. Rien ne réussissait, dont elles étaient fortement en colère contre la fée. Mais un jour que le roi allait à la chasse, il passif chez la bonne fricasseuse pour voir si elle était aussi habile qu’on disait : et comme il approchait du jardin avec grand bruit, les trois sœurs qui cueillaient des fraises l’entendirent : « Ha ! dit Roussette, si j’étais assez heureuse pour épouser monseigneur l’amiral, je me vante que je ferais avec mon fuseau et ma quenouille tant de fil, et de ce fil tant de voile, qu’il n’aurait plus besoin d’en acheter pour les voiles de ses navires.

— Et moi, dit Brunette, si la Fortune m’était assez favorable pour nie faire épouser le frère du roi, je me vante qu’avec mon aiguille, je lui ferais tant de dentelles, qu’il en verrait son palais rempli.

— Et toi, ajouta Blondine, je me vante que si le roi m’épousait, j’aurais