Page:Aulnoy - Contes des Fées (éd. Corbet), 1825.djvu/589

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des pierreries et des louanges indifféremment sur tout ce qu’elles faisaient, bien ou mal.

La reine Blonde et la princesse Brunette étaient étroitement unies : mais à l’égard de l’amirale Rousse, elle les haïssait mortellement : « Voyez, disait-elle, la bonne fortune de mes deux sœurs : l’une est reine, l’autre princesse du sang, leurs maris les adorent : et moi qui suis l’aînée, qui me trouve cent fois plus belle quelles, je n’ai qu’un amiral pour époux, dont je ne suis point chérie comme je devrais l’être. » La jalousie qu’elle avait contre ses sœurs la rangea du parti de la reine mère : car l’on savait bien que la tendresse qu’elle témoignait à ses belles-filles n’était qu’une feinte, et qu’elle trouverait avec plaisir l’occasion de leur faire du mal.

La reine et la princesse devinrent grosses, et par malheur une grande guerre étant survenue, il fallut que le roi partît pour se mettre à la tête de son armée. La jeune reine et la princesse étant obligées de rester sous le pouvoir de la reine mère, le prièrent de trouver bon qu’elles retournassent chez leur mère, afin de se consoler avec elle d’une si cruelle absence. Le roi n’y put consentir. Il conjura sa femme de rester au palais. Il l’assura que sa mère en userait bien. En effet, il la pria avec la dernière instance d’aimer sa belle-fille et d’en avoir soin. Il ajouta qu’elle ne pouvait l’obliger plus sensiblement, qu’il espérait lui voir de beaux enfants, et qu’il en attendrait les nouvelles avec beaucoup d’inquiétude. Cette méchante reine ravie de ce que son