Page:Aulnoy - Contes des Fées (éd. Corbet), 1825.djvu/601

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que Chéri seul n’eût point d’étoile ni de chaîne au cou ; car pour les longs cheveux et le don de répandre des pierreries quand on les peignait, il l’avait comme ses cousins.

Les trois princes étant allés un jour à la chasse, Belle Étoile s’enferma dans un petit cabinet qu’elle aimait parce qu’il était sombre, et qu’elle y rêvait avec plus de liberté qu’ailleurs ; elle ne faisait aucun bruit : ce cabinet n’était séparé de la chambre de Corsine que par une cloison, et cette femme la croyait à la promenade ; elle l’entendit qui disait au corsaire : « Voilà Belle Étoile en âge d’être mariée : si nous savions qui elle est, nous tâcherions de l’établir d’une manière convenable à son rang : ou si nous pouvions croire que ceux qui passent pour ses frères ne le sont pas, nous lui en donnerions un, car que peut-elle jamais trouver d’aussi parfait qu’eux ?

« Lorsque je les rencontrai, dit le corsaire, je ne vis rien qui pût m’instruire de leur naissance : les pierreries qui étaient attachées sur leur berceau faisaient connaître que ces enfants appartiennent à des personnes riches : ce qu’il y aurait de singulier, c’est qu’ils fussent tous jumeaux, car ils paraissent de même âge, et il n’est pas ordinaire qu’on en ait quatre.

— Je soupçonne aussi, dit Corsine, que Chéri n’est pas leur frère, il n’a ni étoile ni chaîne au cou.

— Il est vrai, répliqua son mari, mais les diamants tombent de ses cheveux comme de ceux des autres : et après toutes les richesses que nous