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FEUILLETON DU JOURNAL DES DÉBATS

du 19 juillet 1910 [31]




EMMA


par Jane Austen


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Traduction de M. PIERRE DE PULIGA


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Emma fut reçue par les Cole avec une respectueuse cordialité et on lui donna toute l’importance désirable. Mme Weston l’accueillit de son regard le plus tendre ; Frank Churchill s’approcha avec un empressement significatif ; à dîner il était assis auprès d’elle et Emma soupçonna que les places n’avaient pas été assignées sans préméditation.

L’assemblée comprenait, en outre, une famille des environs moins immédiats, très bien placée socialement et M. Cox, l’homme d’affaires d’Highbury, accompagné de son fils. Les dames Cox, Mlle Fairfax, Mlle Bates et Mlle Smith devaient venir après dîner. Vu le nombre des convives, une conversation générale n’était pas possible, aussi, pendant que l’on causait politique et que l’on discutait les projets de M. Elton, Emma put-elle sans inconvénient se consacrer à son voisin. À un moment pourtant elle entendit prononcer le nom de Mlle Fairfax et elle prêta l’oreille : Mme Cole racontait un fait qui paraissait exciter un vif intérêt.

— J’ai été aujourd’hui, disait-elle, faire une visite à Mlle Bates et, en entrant dans le salon, mon attention fut immédiatement attirée par l’adjonction au mobilier d’un piano, un magnifique demi-queue ; je me suis empressée de


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