Page:Austen - Emma.djvu/209

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Jane et moi nous sommes toutes deux si confuses à propos des pommes !

— Pourquoi donc ?

— Est-il possible que vous nous ayez envoyé toute votre réserve de pommes ! Vous en aviez encore beaucoup, disiez-vous, et en vérité il ne vous en reste pas une. Mme Hodges a bien raison d’être irritée. William Larkins nous a tout raconté. Vous n’auriez pas dû agir ainsi. Ah ! le voilà parti ! Eh bien, ajouta-t-elle en rentrant dans le salon, je n’ai pas réussi. M. Knightley est trop pressé pour s’arrêter. Il va à Kinston. Il m’a demandé s’il pouvait faire quelque chose pour…

— Oui, dit Jane, nous avons entendu ses aimables offres, nous avons tout entendu.

— Je n’en suis pas étonnée, ma chère, la porte est restée ouverte et M. Knightley parlait tout haut. « Puis-je faire quelque chose pour vous à Kinston ? » m’a-t-il dit. J’en ai profité pour faire allusion à… Oh ! Mlle Woodhouse, est-ce qu’il faut que vous partiez ? Il me semble que vous arrivez seulement. Comme vous êtes aimable !

En examinant les montres, on s’aperçut qu’une grande partie de l’après-midi s’était écoulée, Mme Weston et son beau-fils, après avoir pris congé, à leur tour, accompagnèrent les deux jeunes filles jusqu’à la grille d’Hartfield et se hâtèrent de rentrer à Randalls.




XXIX


Il est possible de vivre sans danser : on a vu des jeunes gens ne pas aller au bal pendant plusieurs mois de suite et ne s’en ressentir ni au physique ni au moral ; mais une fois le premier