Page:Austen - Orgueil et Préjugé (Paschoud) 3.djvu/10

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voit dire ; son impatience lui permettoit à peine d’achever une phrase avant d’en commencer une autre, et ses yeux parcouroient d’avance toutes les lignes ; elle ne voulut d’abord point ajouter foi à l’idée qu’il avoit eue de l’indifférence de sa sœur, et le détail des tristes et véritables obstacles qu’il avoit vus à son mariage avec Bingley, l’irrita trop pour qu’elle pût lui rendre justice ; il n’exprimoit, pour la désarmer, aucun regret de sa conduite ; son style, loin d’être repentant, étoit plein de hauteur ; tout son récit respiroit l’orgueil et l’insolence ; mais, lorsqu’elle arriva à ce qui concernoit Mr. Wikam, lorsqu’elle lut avec calme le récit des événemens qui se lioient si bien avec ce qu’il avoit raconté lui-même, et qui, s’ils étoient prouvés, devoient anéantir la bonne opinion qu’elle avoit sur son compte ; alors ses sentimens commencèrent à changer.