Page:Béranger, oeuvres complètes - tome 3.pdf/246

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        Il l’aime, on le présume
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                Amis, c’est là,
                Oui, c’est cela,
        C’est cela qui m’enrhume.


« On le présume ! doute injurieux, porte le réquisitoire, doute fortifié par les deux lignes de points qui suivent, et qui n’ont évidemment pour but que de fixer l’attention sur ces mots on le présume !

« Répondons : ce couplet est le sixième ; il faut donc voir ce que portent les cinq premiers. Or, ils sont consacrés à signaler toutes les atteintes que les ministres[1], secondés par les ventrus, ont portées à nos libertés publiques.

« Ce n’est qu’après cet exposé de notre situation qu’il ajoute : mais la Charte encor nous défend. Oui, certes, elle nous défend : du roi c’est l’immortel enfant ; elle nous défendra longtemps, puisqu’elle est immortelle.

« Mais c’est ici que nous arrivons au doute : il l’aime, on le présume : pourquoi dire seulement : on le présume ?

« Eh ! messieurs, n’accorderez-vous rien à la difficulté de la rime. Tous les couplets finissent par ces mots : c’est là ce qui m’enrhume. Si l’auteur, au lieu de dire, il l’aime, on le présume, eût dit, il l’aime, j’en suis sûr, cela n’aurait rimé à rien.

« On veut incriminer le texte par les points… Cela me rappelle le procès de M. Bavoux, où l’on incriminait les ratures illisibles de son manuscrit.

  1. L’auteur a même poussé la franchise jusqu’à désigner plusieurs d’entre eux par les initiales de leurs noms. Sur six ministres, il n’est pas difficile de deviner.