Page:Béranger, oeuvres complètes - tome 3.pdf/247

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« Tant que vous ne m’expliquerez pas pourquoi ces deux lignes de points, a dit monsieur l’avocat-général, jamais je ne croirai que l’intention de l’auteur ait été innocente.

« Eh bien ! croyez-le tant que vous voudrez ; mais il n’en est pas moins vrai que vous croirez sans savoir : or, sans savoir peut-on accuser ?

« Je veux bien essayer cependant d’expliquer ces deux lignes de points. Je vais interpréter à mon tour ; je vais faire le poète : mes vers seront mauvais, je le pense ; mais on m’excusera si je les montre aux gens. Je suppose donc qu’après ces mots :


Il l’aime, on le présume,


l’auteur ait ainsi rempli la lacune :


Que dis-je ? moi, j’en suis certain ;
Mais les ultras n’en croiront rien.


« On lui aura ensuite fait observer que cette dénomination d’ultras est une qualification de parti ; il aura supprimé les deux vers, et les aura remplacés par des points… Voilà une explication ! Cent autres interprétations sont possibles dans le sens de l’accusation ; mais aucune ne peut être admise, parce que toutes seraient divinatoires, et qu’on n’accuse pas par induction ni par supposition.

« Enfin, messieurs, concevez-vous qu’on ait vu une offense à la personne du roi dans le dernier couplet de la chanson intitulée la Cocarde blanche ? »

M. Marchangy : « Je n’en ai pas parlé. »

M. Dupin. « Raison de plus pour que j’en parle, moi ; elle est dans l’accusation, et je veux prouver tout le tort qu’on a eu de l’y comprendre.