Page:Büchner - La Mort de Danton, trad. Dietrich, 1889.djvu/322

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riées, lui exposant les rapports entre chaque couleur et l’homme ; il apporta les douze apôtres, dont chacun était représenté par une couleur. Lenz comprit cela. Il examina la chose de plus près, tomba dans des rêves pleins d’agitation, commença, comme Stilling[1], à lire l’Apocalypse, et feuilleta beaucoup la Bible.

Vers ce temps, Kaufmann[2] arriva au Steinthal avec sa fiancée. D’abord cette rencontre fut désagréable à Lenz, qui s’était arrangé une petite place et pour qui ce léger repos avait tant de prix ; or,

  1. Jean-Henri Iung, dit Stilling, né en 1740, fut d’abord tailleur, puis maître d’école, ensuite médecin-oculiste, et enfin professeur d’économie politique ; il mourut en 1817 à Karlsruhe, avec le titre de conseiller secret de la cour. C’était un mystique qui voyait dans tout événement, dans tout accident, le doigt de Dieu, avec qui il croyait avoir des relations particulières. Parmi une foule d’ouvrages bizarres et incohérents il a laissé une autobiographie, Jeunesse d’Henri Stilling, extrêmement curieuse, et, par endroits, vraiment remarquable au point de vue littéraire. (Note du traducteur).
  2. Christophe Kaufmann de Winterthür, médecin de la communauté de Herrnhut, mort en 1795, était une manière de charlatan qui singeait Cagliostro et qui à un moment donné vint grossir les rangs de la réunion déjà fort nombreuse de Weimar. Gœthe, qui parle de lui dans ses Mémoires, écrivit au-dessus de sa porte le quatrain suivant, qu’on trouve dans ses Invectives et Xénies : « J’ai, comme limier de Dieu, toujours mené librement ma vie impure ; maintenant que la trace divine a disparu, le chien seul est resté en moi ». Klinger s’est également attaqué à lui dans sa curieuse satire intitulée Plimplamplasko. (Note du traducteur).