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DES SCIENCES, L. VI. CH. I.

l’instrument propre à l’art de transmettre. Cet art paraît avoir quelques autres enfans que les mots et les lettres. Commençons donc par poser ce principe : que tout ce qui est susceptible de différences en assez grand nombre pour pouvoir représenter distinctement toutes les notions diverses (pourvu toutefois que ces différences soient sensibles), peut être d’homme à homme le véhicule des pensées. Car nous voyons que des nations qui diffèrent par le langage, ne laissent pas de commercer assez bien à l’aide des seuls gestes. Et nous voyons aussi que certains individus, sourds et muets de naissance, mais qui ne manquent pas d’intelligence, s’entretiennent d’une manière admirable, avec ceux de leurs amis qui ont appris la signification de leurs gestes. Il y a plus : on a commencé à s’assurer qu’à la Chine et dans les contrées les plus reculées de l’Orient, l’on fait usage aujourd’hui de certains caractères réels, et non pas nominaux ; caractères qui chez eux n’expriment ni