Page:Bacon - Œuvres, tome 2.djvu/354

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
348
DE LA DIGNITÉ ET ACCROIS.

des lettres, ni des mots, mais les choses et les notions mêmes[1] et qu’un grand

  1. Ce passage me paroît avoir deux défauts. 1°. Comme ces deux termes, lettres et mots, en latin, ainsi qu’en français, signifient également les mots prononcés et les mots écrits, il y a ici une équivoque ; et pour l’ôter, il faut, à ces deux termes, lettres et mots, joindre deux adjectifs qui en déterminent la signification. Appelons signes sonores, les lettres et les mots qui se prononcent ; et signes figurés ceux qui s’écrivent.

    Cela posé, 2°. quand nous lisons bas, nous prononçons intérieurement les signes sonores répondant aux signes figurés ; ce qui vient en grande partie, de ce qu’en apprenant à lire nous nous sommes accoutumés à substituer ceux de la première espèce à ceux de la dernière, d’où il est arrivé que ces deux espèces de signes se sont associés pour toujours dans notre esprit. Si nous étions nés ou sourds ou muets, ou l’un et l’autre, alors ne pouvant avoir un langage sonore, nous n’aurions que des signes figurés, qui, faute de signes intermédiaires esprimeroient immédiatement les idées des choses. Or, je dis qu’à cet égard il en est des Chinois comme de nous. Un Chinois ne pourroit pas lire à un autre Chinois sa propre écriture, s’il ne s’étoit accoutumé aussi à associer les