Page:Banville - Œuvres, Les Cariatides, 1889.djvu/114

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


V

Le zéphyr à la douce haleine
Entr’ouvre la rose des bois,
Et sur les monts et dans la plaine
Il féconde tout à la fois.

Le lys et la rouge verveine
S’échappent fleuris de ses doigts,
Tout s’enivre à sa coupe pleine
Et chacun tressaille à sa voix.

Mais il est une frêle plante
Qui se retire et fuit, tremblante,
Le baiser qui va la meurtrir.

Or, je sais des âmes plaintives
Qui sont comme les sensitives
Et que le bonheur fait mourir.