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LES EXILÉS


Sa blanche tombe est sous un noir buisson
Où l’aubépine étend ses longues branches.
Le rossignol en suave chanson
Y vient la nuit jeter ses notes franches ;
La violette et les sombres pervenches
Semblent gémir sur un trépas si beau,
Et l’on verra des roses toutes blanches
Pendant mille ans fleurir sur son tombeau.

Car elle est morte, aimable entre les vierges !
Et Ganelon attend son jugement,
Vil, enchaîné, meurtri, fouetté de verges.
Mais Aude morte égale son amant.
Dans le sépulcre elle dort fièrement,
Et Charles pleure encor cette pucelle
Qui fut sans tache ainsi qu’un diamant,
Et brave cœur et gente demoiselle.


Nice, janvier 1860.