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Page:Banville - Œuvres, Les Exilés, 1890.djvu/66

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LES EXILÉS


Si cette flamme d’astre éclate dans ses yeux,
Si ce vent inconnu fouette sa chevelure,
C’est parce qu’il entend le mot mystérieux
Que depuis cinq mille ans bégayait la nature !

Ô mère ! dont l’azur est le manteau serein,
Donne tous tes trésors, Nature, sainte fée,
À ce passant connu de l’aigle souverain
Qui connaît ton langage et tes noms, comme Orphée.

Et toi qui l’accueillis, sol libre et verdoyant,
Qui prodigues les fleurs sur tes coteaux fertiles
Et qui sembles sourire à l’Océan bruyant,
Sois bénie, île verte, entre toutes les îles.

Oui, sois bénie. Il a marché dans ton sillon,
Comme passaient ailleurs, laissant leur trace ardente
Et traînant l’un sa pourpre, et l’autre son haillon,
Le voyageur Homère et le voyageur Dante.


Février 1864.