Page:Banville - Petit Traité de poésie française, 1881.djvu/25

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vers de neuf syllabes, avec deux repos ou césures, l’une
après la troisième syllabe, l’autre après la sixième.


Oui ! c’est Dieu — qui t’appelle — et t’éclaire !
À tes yeux — a brillé — sa lumière,
En tes mains — il remet — sa bannière.
Avec elle — apparais — dans nos rangs,
Et des grands — cette fou — le si fière
Va par toi — se réduire — en poussière,
Car le ciel — t’a choisi — sur la terre
Pour frapper — et punir — les tyrans !

Eugène Scribe. Le Prophète. Acte II, Scène VIII.


vers de dix syllabes, avec un repos ou césure
après la quatrième syllabe.


L’Amour forgeait. — Au bruit de son enclume.
Tous les oiseaux, — troublés, rouvraient les yeux ;
Car c’était l’heure — où se répand la brume.
Où sur les monts, — comme un feu qui s’allume.
Brille Vénus, — l’escarboucle des cieux.

Victor Hugo. Le Rhin. Lettre xx.

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vers de dix syllabes, avec un repos ou césure, entre
la cinquième et la sixième syllabe.


J’ai dit à mon cœur, — à mon faible cœur ;
N’est-ce point assez — de tant de tristesse ?
Et ne vois-tu pas — que changer sans cesse
C’est à chaque pas — trouver la douleur ?

Il m’a répondu : — Ce n’est point assez.
Ce n’est point assez — de tant de tristesse ;
Et ne vois-tu pas — que changer sans cesse
Nous rend doux et chers — les chagrins passés ?

Alfred de Musset. Chanson. Poésies diverses.

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