Page:Barbey d'Aurevilly - Une vieille maitresse, tome 1.djvu/16

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des Libres Penseurs, les Catholiques n’ont pas le droit de toucher au roman et à la passion, sous le prétexte qu’ils doivent avoir les mains trop pures, comme si toutes les blessures qui jettent du sang ou du poison n’appartenaient pas aux mains pures ! Ils ne peuvent pas toucher au drame non plus, car c’est de la passion encore. Ils ne doivent toucher ni à l’art, ni à la littérature, ni à rien, mais s’agenouiller dans un coin, prier et laisser le monde et la Libre Pensée tranquilles. Certes, je le crois bien que les Libres Penseurs voudraient cela ! Si c’est bouffon par un côté, par l’autre une telle idée a sa profondeur. Je crois bien qu’ils aimeraient à se débarrasser de nous par un tel ostracisme, à pouvoir dire, nous ayant barré toutes les avenues, toutes les spécialités de la pensée : « Ces misérables Catholiques ! sont-ils en dehors de toutes les voies de l’esprit humain ! » Mais franchement, il nous faut une autre raison que celle-là, pour accepter, d’un cœur humble et docile, la leçon que les ennemis du Catholicisme ont la bonté de nous faire sur la conséquence catholique de nos actes et l’accomplissement de nos devoirs.

Et pour en parler, d’ailleurs, d’où le connaissent-ils, le Catholicisme ?… Ils n’en savent pas le premier mot. Ils le méprisent trop pour l’avoir jamais étudié.