Page:Barbey d’Aurevilly - Un prêtre marié, Lemerre, 1881, tome 1.djvu/212

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Près de Calixte, le médecin et le père se confondaient en Sombreval. Les observations de l’un finissaient par se perdre dans les contemplations de l’autre, — ces longues contemplations que les plus actifs ont comme les plus rêveurs, lorsqu’ils aiment ! Quant à Calixte, l’emploi de ses journées était aussi simple que l’emploi de celles de son père.

Elle allait de sa chambre au salon et passait les jours à l’embrasure de la fenêtre, d’où elle pouvait voir l’étang monotone et la barre lointaine des Élavares, blanchissant d’écume. C’était éternellement à cette place que Néel la trouvait, lisant dans quelque livre de piété ou travaillant de son aiguille quand les nerfs le lui permettaient, — Marthe et Marie tout ensemble, dans sa passive activité.

Aux premières visites qu’il avait faites, elle avait sonné et dit à Pépé, le Noir, « d’avertir son père que M. de Néhou était arrivé », et le père n’avait jamais manqué à descendre. Mais plus tard, la confiance ou la familiarité s’établissant, elle était souvent restée seule avec Néel dans la sécurité de la plus divine innocence et du plus religieux des respects.

Néel, tout passionné qu’il fût naturellement et chaque jour moins maître d’un sentiment qui s’accroissait de cette intimité mystérieuse, Néel n’avait pas à côté de Calixte une mau-