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VIII


Le même décor les entourait, la même pénombre les salissait que la première fois que je les vis ensemble. Aimée et son amant étaient assis, non loin de moi, côte à côte.

Ils causaient depuis quelque temps sans doute quand je me penchai jusqu’à eux.

Elle était en arrière de lui, sur le canapé, cachée par l’ombre de soir et par l’ombre de l’homme. Lui, pâle et imprécis, les mains sur les genoux, il était incliné en avant, dans le vide.

La nuit était encore revêtue d’une douceur grise et soyeuse du soir ; bientôt elle serait nue. Elle allait venir sur eux comme une maladie dont on ne sait si on guérira. Il semblait qu’ils le pressentaient, qu’ils cherchaient à se défendre, qu’ils auraient voulu prendre contre les ténèbres fatales des précautions de paroles et de pensées.

Ils se hâtaient de s’entretenir de choses et d’autres ; sans force, sans intérêt. J’entendis des noms de localités et de personnes ; ils parlèrent d’une