Page:Barbusse - Pleureuses, 1920.djvu/34

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Le temple ténébreux, le temple illuminé
Ouvrait sur ma douleur ses voûtes toutes grandes,
Hélas ! je suis venu pour que tu me le rendes,
Le pauvre apaisement que je t’avais donné.

Les malheurs sont des saints qui sourient dans leurs geôles
Souvent quand ils traînaient leur longue passion,
Qu’ils ont dû, bousculés par la tentation,
Dompter leurs cous humains et leurs frêles épaules !

Et pourtant, la douleur abandonne la chair ;
La richesse des pleurs laisse l’âme assouvie.
Quand nous nous revoyons en rêve dans la vie
Nous ne savons plus bien que nous avons souffert.

La rue était déserte au bas des cieux livides ;
Après les nuits d’orgueil et de bonheur hautain,
En revenant à moi dans le froid du matin
Je me suis retrouvé plaintif et les mains vides.