Page:Barbusse - Pleureuses, 1920.djvu/35

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On ira dans mon rêve ardent qui resplendit
Cueillir nos beaux sanglots comme des grappes mûres :
Leur espérance ira parler dans nos murmures,
Ils ne comprendront pas ce que je t’aurai dit.

Ils ne comprendront pas les longs secrets de phrases
Où quelque souvenir s’éveillait à demi,
Notre grâce, et l’espoir, ce grand mystère ami,
Nous menant sans le voir, au chemin des extases.

Puis nos yeux s’éteindront sur le rêve éternel,
Puis plus rien que les fleurs que nous avons cueillies
Penchant leurs chagrins morts sur leurs tiges vieillies,
Et notre église ouverte aux regards bleus du ciel.

Je te voyais passer, sainte, silencieuse.
J’ai vu passer la brève et fuyante clarté ;
Oh ! je voudrais toucher avec timidité
Tes lèvres de silence et ta robe pieuse…