Page:Barbusse - Pleureuses, 1920.djvu/62

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L’amour, mystérieux glaneur
Des bonnes choses qu’on prodigue,
Qui vient auprès de ma fatigue
Me parler tout bas du bonheur.

Tout ce passé, tout ce passage
D’hiver gris et de printemps bleu,
Éloignons-nous qu’il dorme un peu.
C’est quand on dort que l’on est sage.

Dormons dans la maison en deuil ;
Dans le grand silence des choses
Nous verrons les aurores roses,
Toi le bonheur et moi l’orgueil.

Laisse-moi le triste et long rôle.
Oh longtemps, longtemps sous nos cieux
Laisse ce rêve dans tes yeux
Et la tête sur mon épaule.