Page:Barbusse - Pleureuses, 1920.djvu/64

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Grise dans le soir en suspens,
Et profonde des jours sans nombre,
Votre front s’incline et s’épand,
Dans un cantique de pénombre.

Peu à peu mes regards du jour
S’habituent à votre tendresse…
Je comprends l’indistinct amour,
Et le mystère de caresse.

Sur la tempe un doigt s’attendrit,
Comme un saint et souffrant office ;
La joue un peu creuse sourit
D’un sourire de sacrifice…

Votre cou noyé, frêle à voir,
Vous soutient de douce épouvante
Perdue en musique du soir,
Infinie, à peine vivante…