Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 6.djvu/254

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leur laissait pas d’espoir. Leur mort fut donc résolue. On les envoya à la maison de douane pour attendre la sentence prononcée contre eux ; elle leur fut communiquée. Les soldats chargés de leur garde prirent un sauvage plaisir à étaler devant eux les instruments du supplice ; ils aiguisèrent les sabres, creusèrent le sable, firent tous les préparatifs nécessaires pour l’œuvre de mort. Ils demeurèrent plusieurs heures dans cette terrible incertitude ; mais ce que n’avaient pu ni la pitié ni le remords, la crainte le produisit sur l’esprit du gouverneur : effrayé de la loi du talion, se flattant peut-être que par le moyen de ses prisonniers il pourrait prévenir le débarquement des troupes, il différa pendant quelques heures l’ordre fatal. Le Lifty, en commençant son feu contre la place, allait sans doute amener le fatal dénouement ; mais un boulet de 32 venant à tomber sur le lieu où les autorités se trouvaient assemblées, suspendit leurs délibérations ; elles se dispersèrent ; les chefs principaux évacuèrent la ville presque immédiatement, les prisonniers furent dirigés vers l’intérieur du pays, avec une escorte peu nombreuse. Les troupes anglaises ayant poussé en avant, cette escorte s’effraya, et après avoir enfermé les prisonniers dans deux maisons auprès de la grande pagode, prit la fuite. Les postes avancés de l’armée anglaise les y découvrirent le lendemain.

Rangoon a été bâtie sur la rive gauche de la rivière, en commémoration d’une victoire remportée