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APPENDICE

L’auteur des Nouvelles ecclésiastiques m’avoit déjà reproché que j’attribuois tous les effets au climat. Je lui ai répondu, pages 102, 103, 4, 5, 6, 7, de ma Défense, et je lui ai expliqué comment je pensois là-dessus. Je prie aussi le voir les pages 112, 113, 14, 15, de la même Défense, où j’ai expliqué ce que je pensois sur l’établissement de la Religion chrétienne.

Ire Partie de la Proposition. — « L’empire du climat est le premier de tous les empires. »

Dans le chapitre dont cette proposition est extraite (qui est le chapitre xiv du livre XIX), il n’est en aucune sorte question de la Religion. On y examine si le czar Pierre Ier, voulant changer les usages et les coutumes de sa nation, devoit le faire par des loix civiles ou par les mœurs, c’est-à-dire par l’exemple et par l’établissement d’usages contraires ; et je dis qu’il n’étoit pas nécessaire dans ce cas d’y faire des loix, d’autant plus que les usages qu’il établissoit étoient conformes à la nature du climat du pays. A quoi j’ajoute (ceci n’est qu’une expression métaphorique) : « L’empire du climat est le premier de tous les empires. » Par où l’on voit qu’il n’est question ici que des choses humaines, des actions humaines. Quand on dit, dans le langage ordinaire : « Il n’y a rien de plus fort qu’une telle chose », on est toujours supposé faire abstraction de la Religion et ne penser pas même à la Religion.

2de Partie de la Proposition. — « Il y a de tels climats où le physique a une telle force que la morale n’y peut presque rien. »

Il semble que l’auteur de l’Esprit des Loix devroit être le dernier à être accusé d’ignorer la puissance des causes morales, et, par conséquent, de la morale même. Comme il a beaucoup parlé du climat dans quelques livres qui avoient pour sujet le climat, il a beaucoup parlé des causes morales dans presque tout son ouvrage, parce qu’il y étoit question des causes morales, et l’on peut dire que le livre de l’Esprit des Loix forme un triomphe perpétuel de la morale sur le climat, ou plutôt, en général, sur les causes physiques. On n’a qu’à voir ce qu’il a dit de la force de ces causes sur l’esprit des Lacédémoniens, des Grecs et des Romains. C’est pour cela que l’auteur s’est tant récrié contre le