Page:Barckhausen - Montesquieu, l’Esprit des lois et les archives de La Brède, 1904.djvu/115

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tion, prend la place de la Vertu politique dont j’ai parlé, et la représente partout. »

4° Pour ôter toute ambiguité, après ces mots : Ainsi, dans les monarchies bien réglées, tout le monde sera à peu près bon citoyen, et l’on trouvera rarement quelqu’un qui soit homme de bien : car, pour être homme de bien, il faut avoir intention de l’être ; j’ai ajouté tout de suite : « et aimer l’État, moins pour soi que pour lui-même ». Cette augmentation enlève toute difficulté, parce qu’elle fait voir que l’homme de bien dont il est ici question n’est pas l’homme de bien chrétien, mais l’homme de bien politique, qui a la Vertu politique dont j’ai parlé.

Il s’en faut bien que l’homme de bien dont il s’agit ici soit l’homme de bien chrétien, comme je viens de le dire c’est l’homme de bien politique, qui aime les loix et sa patrie, et qui agit par l’amour des loix et de sa patrie. Ceci a été discuté et examiné dans tous les pays : car, dans tous les pays, soit catholiques, soit protestans, on veut de la morale. Or, cela ne fait plus la moindre équivoque depuis que je me suis expliqué, et depuis qu’on a examiné mon livre avec attention.

De dire que je n’ai qu’à ôter le mot de vertu (il faudroit le changer dans deux cens endroits du livre), c’est dire que, quand je donne la signification d’un terme, je ne la donne pas. J’ai eu des idées nouvelles, il a bien fallu trouver de nouveaux mots, ou donner aux anciens des nouvelles acceptions ; mais j’ai défini mes mots.

Mais je ne puis m’empêcher de jeter un grand cri. La Faculté a fait à l’auteur une cruelle injure. Ce sont ces paroles terribles : in odium Monarchiæ, etc. Elle auroit dû être portée à croire que mon esprit s’étoit trompé, et non pas à lire dans mon cœur que j’avois de la haine. Il faut me supposer autant de christianisme pour pardonner ce procédé, qu’elle me suppose de méchanceté pour y avoir donné lieu. L’Inquisition même ne feroit pas de suppositions pareilles. Jamais citoyen n’a reçu dans sa patrie une si cruelle injure, et, ce qui me console, jamais citoyen ne l’a si peu méritée. Je le répéterai ici : « Platon remercioit le Ciel de ce qu’il étoit né du tems de Socrate, et,