Page:Barckhausen - Montesquieu, l’Esprit des lois et les archives de La Brède, 1904.djvu/116

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moi, je lui rends grâce de ce qu’il m’a fait naître dans le gouvernement où je vis, et de ce qu’il a voulu que j’obéisse à ceux qu’il m’a fait aimer. » Toute l’Europe a lu mon livre, et tout le monde est convenu qu’on ne pouvoit découvrir si j’étois plus porté pour le gouvernement républicain ou pour le gouvernement monarchique. Et, effectivement, il y auroit eu de la petitesse d’esprit à choisir, parce qu’en effet ces deux gouvernemens sont très bons, et que le meilleur des deux est celui dont on jouit. Mais, que la Faculté me suppose gratuitement de la haine pour le gouvernement monarchique, elle agréera que, dans ce cas-ci, je ne la prenne point pour mon juge ; elle agréera que je regarde sa décision comme très abusive, que j’en appelle au public, et (ce qui n’est pas moins fort) pour moi à moi-même.


XIIe Proposition.

« L’Honneur a ses règles suprêmes, et l’éducation (dans les monarchies) est obligée de s’y conformer. Les principales sont qu’il nous est bien permis de faire cas de notre fortune ; mais qu’il nous est souverainement défendu d’en faire aucun de notre vie[1]. »

Réponse et Explication.

Il n’est point question ici du droit : c’est un fait ; c’est ce qui est, et non pas ce qui doit être. Mais pour prévenir toute objection, j’ai mis cette note sur le mot Honneur : « On dit ici ce qui est, et non pas ce qui doit être. L’Honneur est un préjugé que la Religion travaille tantôt à détruire, tantôt à régler. »


XIIIe Proposition.

« Les Scolastiques s’en infatuèrent (de la philosophie d’Aristote) et prirent de ce philosophe leur doctrine sur le prêt à intérêt ; ils le confondirent avec l’usure et le condamnèrent[2]. »

  1. Tome Ier, page 62 : liv. IV, chap. ii.
  2. Tome II, page 290 : liv. XXI, chap. xvi.