Page:Barckhausen - Montesquieu, l’Esprit des lois et les archives de La Brède, 1904.djvu/126

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sont bons, on peut en faire usage. On ne fait aucune injure au Prince de dire qu’il seroit à propos de changer une loi : puisque, si on la change, c’est lui qui la change. Mais, si, au contraire, la proposition condamnée a toutes les qualifications données dans la censure, il suit que le Prince ne peut plus faire une loi pour ôter la peine de mort et la commuer en une autre, sans tomber dans toutes les imputations de ces qualifications. De sorte qu’il aura les mains liées dans le premier attribut de sa souveraineté, qui est sa puissance législative. Je passe vite sur ces choses.


XVIIe Proposition.

« Les Cananéens furent détruits, parce que c’étoit des petites monarchies, qui ne s’étoient point confédérées, et qui ne se défendirent pas en commun[1]. »

Réponse et Explication.

Dieu n’opère pas toujours ses merveilles de la même manière. Tantôt il agit directement : « Que la lumière se fasse ! et la lumière fut faite. » Tantôt il emploie les causes secondes : « Je l’ai suscité pour montrer en toi ma puissance, afin que mon nom soit manifesté par toute la Terre. » Quelquefois même, Dieu veut bien se soumettre aux causes secondes : « Si vous aviez frappé cinq fois, etc. »

Toute l’Écriture est pleine des diverses voyes de Dieu, et comment savons-nous que Dieu a employé une voye particulière pour donner aux Israélites la Terre promise ? Nous le savons de deux manières : et parce qu’il l’a dit ; et parce qu’il l’a fait. Mais, en exécutant son dessein, ce n’est pas moins parce que Moïse tient ses bras levés vers le ciel que les Israélites sont vainqueurs.

J’ai dit que les peuples de Canaan n’étoient pas confédérés. Eh bien ! Dieu a voulu qu’ils ne fussent pas confédérés.

  1. Tome Ier, page 258 : liv. IX, chap. ii.