Page:Barckhausen - Montesquieu, l’Esprit des lois et les archives de La Brède, 1904.djvu/26

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Censure aurait, surement, trouvé indiscrète et compromettante la publication d’un document confidentiel par nature.

IV

Le manuscrit de l’Esprit des Lois que l’on conserve à La Brède est loin d’être complet, puisqu’il y manque cinq livres. Il n’en est pas moins très précieux. Le texte qu’il donne n’est pas identique à celui de l’édition princeps. Il fait connaître un état antérieur de l’ouvrage. Bien plus, avec les papiers qui en sont les annexes, il nous révèle que la rédaction qu’on y trouve est, elle-même, le résultat de corrections sans nombre et de sup- pressions importantes. Sans parler de phrases et d’alinéas raturés, des chapitres et des livres qui devaient primitivement figurer dans l’œuvre n’y ont pas été compris en fin de compte. De ces parties sacrifiées, il reste à peine dans le texte quelques passages intercalés à gauche ou à droite, avec ou sans modifications.

Mais, ainsi que nous l’avons indiqué déjà, ce sont des additions surtout que fit Montesquieu en revoyant son traité.

D’après sa correspondance, on peut croire qu’il ne songea d’abord à composer l’Esprit des Lois que de vingt-six livres. C’est le nombre dont il parle dans une lettre de 1742[1]. Nous savons aussi qu’en février 1745 il donna lecture de son « grand ouvrage » à deux de ses plus intimes amis[2]. Or, l’année suivante, il n’y avait encore de finis que vingt-six livres, auxquels il était question d’en ajouter quelques autres[3]. Mais trois de

  1. Lettre (déjà citée) au président Barbot, du 2 février 1742.
  2. Lettre à l’abbé de Guasco, du 10 février 1745.
  3. Lettre à l’abbé de Guasco, de 1746.