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ceux-ci ne furent achevés qu’en 1747 et 1748[1]. On peut donc affirmer, au moins, que notre auteur rédigea d’abord vingt-six livres à part du reste de son œuvre.

Il serait curieux de savoir quels étaient au juste ces livres-là.

Étaient-ce les vingt-six premiers de l’œuvre imprimée en 1748 ? C’est possible, sans être certain. Le manuscrit de La Brède nous apprend, en effet, que le livre XXIII, sur le Nombre des Habitants, porta quelque temps le numéro vingt-six, Parmi les vingt-cinq livres qui le précédaient, on comptait alors les deux livres qui le suivent maintenant, sur les rapports des Lois avec la Religion, et peut-être un livre sur les Colonies. Ce dernier a été supprimé par Montesquieu alors qu’il en avait rédigé déjà plusieurs chapitres. Il eût complété heureusement la théorie de la grandeur des États. Dans l’Esprit des Lois, les colonies ne tiennent vraiment pas la place que leur assigne leur rôle économique, et politique surtout.

Si l’hypothèse indiquée est exacte, le XXVIe livre actuel n’aurait pas fait partie des vingt-six livres primitifs. Nous serions sans doute fixés sur la question si la minute du livre n’était pas malheureusement perdue, Faute de la posséder, nous sommes condamnés au doute.

Des indices, plus ou moins probants, nous dispose- raient à admettre que Montesquieu projeta à une certaine époque de terminer son ouvrage par un livre unique sur la Composition des Lois. Peu à peu, celle partie finale aurait pris des dimensions telles qu’il se serait décidé à la sectionner. Des six livres obtenus ainsi, deux auraient conservé le caractère théorique, tandis que les quatre autres seraient devenus de vrais morceaux d’histoire. On trouvera, à l’appui de notre hypothèse, dans

  1. Lettre à Mr Cerali, du 28 mars 1748.