Page:Barckhausen - Montesquieu, l’Esprit des lois et les archives de La Brède, 1904.djvu/32

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amena ce dernier à l’étude âpre et pénible du droit des Francs, des Goths, des Lombards, des Saxons et d’autres peuples d’origine germanique. L’influence que ces recherches purent avoir sur la rédaction des livres relatifs aux Lois civiles chez les Français et aux Lois féodales fut sûre ment très considérable ; mais rien ne permet de l’évaluer nettement. Au contraire, en rapprochant le texte du manuscrit de La Brède du texte de l’édition princeps, nous arrivons aux constatations suivantes par rapport aux vingt-cinq premiers livres. En dehors de passages insérés dans cinq ou six chapitres, quatorze chapitres entiers visant les lois des Barbares ont été ajoutés, dans l’impression de 1748, à la première rédaction de l’Esprit des Lois. On en trouve aux livres XIV, XV, XVIII, XIX et XXI[1]. Si maintenant quelqu’un estimait que Montesquieu a peut-être abusé de ses lectures tardives dans le livre XVIII, sur l’influence de la Nature du Terrain, nous n’y contredirions guère. Nous verrions seulement dans le fait une preuve des entraînements passionnés que la conception d’idées nouvelles excitait dans l’âme du grand homme.

VI

Il serait fastidieux de dresser la liste des simples corrections que Montesquieu a fait subir au texte de l’Esprit des Lois, et que le manuscrit de La Brède nous révèle directement par les ratures qui y abondent, et indirectement lorsqu’on le compare à la première édition de l’ouvrage. Par corrections simples, nous entendons ici ce qui ne constitue que des changements de rédaction sans

  1. Ce sont les chapitres xiv du livre XIV, xiii et xiv du livre XV, xxii à xxx du livre XVIII, xxv du livre XIX et xiv du livre XXI de l’édition princeps.