Page:Barckhausen - Montesquieu, l’Esprit des lois et les archives de La Brède, 1904.djvu/38

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Au point de vue purement littéraire, nous ne saurions aussi ne pas regretter la conclusion primitive du premier chapitre du livre XXIV quand ce ne serait que parce qu’elle rappelle une Légende des Siècles de Victor Hugo[1] : « Lorsque Salomon bâtit le Temple, on choisit les matériaux les plus propres à la construction de l’édifice sacré. Le reste fut employé à des ouvrages profanes. Ces ouvrages se présentent à notre vue, et nous les regardons. »

S’il est des retranchements que nous ne saurions expliquer, nous imaginons sans peine les motifs de certains autres.

La révolution qui se produisit, en 1747, dans les Pays-Bas dut décider Montesquieu à supprimer quelques-uns des passages où, d’abord, il parlait de la Hollande.

Ce n’est point le cas pour l’alinéa que voici : « * En Hollande, les impôts sur tout ce qui se consomme pour la vie y vont presque au tiers de la valeur de la chose, et il semble que cette nation, qui calcule si bien ses avantages et ses pertes, consente dans ce cas seul à se tromper elle-même[2]. * »

Mais le rétablissement du stathoudérat ne fut sûrement pas étranger à la disparition de deux morceaux importants, dont l’un se trouvait au livre XI, et l’autre, au livre VIII.

Au livre XI, le 64e alinéa du chapitre vi, plus long de quatre phrases, finissait en ces termes : « * Enfin, on a accoutumé l’armée de ces pays à recevoir des députés du Corps législatif, qui, sous prétexte de pourvoir à sa subsistance, ou sous d’autres prétextes, la dirigent, quoi- qu’ils ne la commandent pas. C’est un moyen tempéré : les troupes voient à leur tête un homme de guerre ; mais elles voient aussi sa dépendance, et elles y restent elles-mêmes. * »

  1. La Légende des Siècles, t. Ier, Le Temple.
  2. Livre XIII, chap. vii.