Page:Bardeau - De la chaleur animale.djvu/23

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Certains physiologistes ont voulu faire jouer au foie un rôle tout particulier, en prétendant que cet organe servait à la formation des globules sanguins. M. Moleschott a fait, à ce sujet, des expériences très curieuses. Après avoir enlevé le foie à des grenouilles, il a constaté que la proportion des globules blancs aux globules rouges était : :1:2 au lieu de : :1:8 à l’état normal. Or, si ce sont ces mêmes globules blancs qui plus tard doivent devenir globules rouges, il est évident qu’il s’en est formé une certaine quantité ; mais ces recherches ont besoin d’être contrôlées ; et, quand il en serait ainsi, ce n’est pas à la formation seule des globules qu’il faut attribuer l’élévation de température du sang des veines sus-hépatiques, mais plutôt au travail important que nécessite la production de la bile.

Enfin, dans ces derniers temps, M. Brodie a invoqué l’influence du système nerveux comme cause productrice de la chaleur animale ; les expériences sur lesquelles il s’appuie sont peu fondées. Après la section d’un nerf quelconque, il y a abaissement de température dans toute la partie qui était animée par ce nerf ; mais cette diminution n’est que la conséquence de la nutrition qui est moins active dans les tissus lésés. Qu’on coupe, par exemple, les nerfs pneumo-gastriques, il y aura non-seulement abaissement marqué de la température du corps, mais l’animal ne tardera pas à périr ; cela tient uniquement à la respiration qui ne se fait plus avec son rhythme normal, et par suite à la moins grande quantité d’acide carbonique exhalée.

Si, dans ses expériences, M. Brodie avait tenu compte de l’oxygène absorbé et de l’acide carbonique exhalé, il n’aurait pas attribué à l’encéphale la faculté de produire de la chaleur. M. Claude Bernard[1] a expérimenté sur les nerfs

  1. Comptes-rendus de l’Académie des Sciences, 1852.