Page:Bardeau - De la chaleur animale.djvu/32

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C’est pour cela que la nature a donné aux hibernants un instinct tout particulier. Quelques jours avant leur mort apparente, ils paraissent avoir conscience de ce qui va s’opérer en eux, et s’y préparent en prenant une nourriture abondante ; ils ne se privent d’aliments que quelques heures seulement avant de s’endormir ; aussi sont-ils très gras au moment où ils rentrent dans leur retraite, pour commencer ce sommeil léthargique.

Cette quantité de graisse qu’ils ont accumulée dans leurs tissus était indispensable ; car, ne recevant plus aucune nourriture, et continuant néanmoins à respirer, il fallait à l’oxygène de l’air inspiré un élément combustible ; cet élément combustible se trouve précisément dans les matières hydro-carbonées répandues en grande quantité dans toutes les parties du corps. Mais quand la belle saison vient mettre un terme à cette léthargie, on trouve ces animaux dans un état de maigreur voisin du marasme.

On est étonné au premier abord que cette quantité de graisse puisse suffire à l’entretien de l’animal pendant plusieurs mois ; qu’on considère les différentes fonctions de ces animaux, et on en trouvera l’explication. Dans le plus profond sommeil, la sensibilité des léthargiques est presque éteinte ; la respiration se fait avec une extrême lenteur, et la circulation a si peu de vitesse, qu’on serait presque tenté de croire qu’elle ne se fait plus ; en examinant cependant de très près, on voit qu’elle n’est pas interrompue un seul instant.

La respiration étant peu étendue, il y a peu de produits brûlés, et par suite, la chaleur animale est considérablement modifiée. Ainsi, la marmotte ne fait que 4 à 6 respirations par minute et le hérisson 4 à 5. Dugès est même allé jusqu’à dire qu’elle pouvait se suspendre tout-à-fait. Cela est peu probable, du moins chez les mammifères. M. Colin, d’Alfort,