Page:Barneville - Le Rythme dans la poésie française, 1898.djvu/102

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déclarer des vers. Les Français naissent avec la conception d’une cadence rythmique embryonnaire, ou plutôt cette conception se forme obscurément en eux aussitôt qu’ils commencent à articuler leurs premiers mots[1]. Mais si l’on n’a pas le soin de nous prévenir que les essais de Jean Mousset, par exemple, ou les productions de M. René Ghil ont la prétention d’être des vers, nous ne nous en apercevons pas. Dans le premier cas, l’instinct seul suffit à nous guider ; dans le second, il nous faut solliciter une initiation préalable.

  1. Le sentiment du rythme est l’embryon du sentiment musical. Le rythme est la musique réduite à sa plus simple expression. Aussi, le sens rythmique naît-il de très bonne heure chez l’enfant. Quelquefois, son développement musical s’arrête là ; d’autres fois, il poursuit son cours. Il est très rare — mais le fait existe pourtant — que l’homme reste toujours dénué de sentiment rythmique. Pour ceux-là, poésie et musique sont évidemment une manière de supplice. D’autres — ceux qui n’ont que le sens du rythme — goûtent la poésie sans goûter la musique ; ils se plaignent que les développements mélodiques leur masquent le thème fondamental.