Page:Barneville - Le Rythme dans la poésie française, 1898.djvu/116

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où la rime correspondante en reproduira l’écho. Rien de plus, rien de moins.

Écoutez La Fontaine :

Solitude où je trouve une douceur secrète,
Lieux que j’aimai toujours, ne pourrai-je jamais
Loin du monde et du bruit goûter l’ombre et le frais ?
Oh ! qui m’arrêtera sous vos sombres asiles !
Quand pourront les neuf sœurs, loin des cours et des villes,
M’occuper tout entier et m’apprendre des cieux
Les divers mouvements inconnus à nos yeux,
Les noms et les vertus de ces clartés errantes,
Par qui sont nos destins et nos mœurs différentes ?
Que si je ne suis né pour de si grands projets,
Au moins que les ruisseaux m’offrent de doux objets !
Que je peigne en mes vers quelque rive fleurie !
La Parque à filets d’or n’ourdira pas ma vie ;
Je ne dormirai pas sous de riches lambris.
Mais voit-on que le somme en perde de son prix ?
En est-il moins profond et moins plein de délices ?
Je lui voue au désert de nouveaux sacrifices ;
Quand le moment viendra d’aller trouver les morts,
J’aurai vécu sans soins et mourrai sans remords[1].

  1. Le songe d’un habitant du Mogol.