Page:Barneville - Le Rythme dans la poésie française, 1898.djvu/117

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Ces rimes ne chantent-elles pas délicieusement à vos oreilles ? Il y en a de pauvres cependant, presque autant que de riches. La Fontaine certainement n’en faisait pas la différence. Il lui suffisait que la finale de chaque mètre pût rappeler la syllabe jumelle. La Fontaine n’a jamais eu confiance qu’en son instinct de poète. Rien qu’en parlant sa belle langue, il avait appris que les voyelles y sont plus sonores que les consonnes, d’où il résulte qu’une voyelle et une consonne prononcées presque simultanément ne produisent pas un égal effet acoustique ; la consonne se perd ; l’ouïe ne saisit guère que la voyelle. Ce qui fait la rime en français, c’est donc surtout la voyelle, et rimer richement, comme le veut Banville, revient dès lors, plus ou moins, à rimer pour l’œil au loin de l’oreille. Or, comment méconnaître à ce point l’es-