Page:Barneville - Le Rythme dans la poésie française, 1898.djvu/118

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sence même de toute poésie ? L’art du poète est surtout vocal. Prétendre le contraire, écrit M. Tisseur, « c’est comme si vous disiez que tous ces petits pochons à cheval sur des lignes horizontales qui composent une sonate de Mozart sont écrits pour le plaisir de les lire et non d’entendre les sons qu’ils expriment ».

Il faut, en effet, remarquer que ce n’est point du tout une image que cette expression « la musique du vers », le son, indépendamment même du rythme, étant bien évidemment un rien éléments constitutifs de la poésie. « Le vers, a dit M. Sully-Prudhomme, est tenu de différer de la prose par une cadence qui n’est pas toute dans l’hémistiche et le nombre des pieds. » Au contraire, l’adage antique « ut pictura poesis » n’est qu’une simple métaphore[1]. La poésie peut rendre approximati-

  1. Certains esprits, on le sait, prétendent même que la poésie