Page:Barneville - Le Rythme dans la poésie française, 1898.djvu/123

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à Pomone et anémone ». Cela est vrai. Pourtant, à côté de telles anomalies, que de rimes ont exactement le son de leur sexe !… Ces deux vers plaisent-ils à vos oreilles :

Tombez dans mon cœur, souvenirs confus,
Du haut des branches touffues ?

Ils déplaisent vivement aux miennes. Je crois que cela tient à ce que le fus de confus est bref, tandis que le ffues de touffues est long. La voix appuie sur celui-ci et glisse, pour ainsi dire, sur le premier. Les deux syllabes n’ont pas la même valeur temporelle et ne rendent pas identiquement le même son[1]. Par contre, écoutez cette strophe de

  1. Le grammairien Restaud disait : « On peut donner pour règle générale que, quand les rimes masculines sont bonnes ou suffisantes, elles sont encore meilleures en devenant féminines par l’addition de l’e muet ; parce que, outre la conformité de son que l’e muet y ajoute, il oblige encore d’appuyer davantage sur la pénultième syllabe et eu rend par là le son plus plein qu’il n’était auparavant. Par exemple, si consacré