Page:Barneville - Le Rythme dans la poésie française, 1898.djvu/124

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Lamartine, et dîtes si les rimes masculines et féminines en euil et euille se distinguent l’une de l’autre d’une façon appréciable.

Lorsque vient le soir de la vie,
Le printemps attriste le cœur ;
De sa corbeille épanouie
Il s’exhale un parfum moqueur ;
De toutes ces fleurs qu’il étale,
Dont l’amour ouvre le pétale,
Dont les prés éblouissent l’œil,
Hélas ! il suffit que l’on cueille
De quoi parfumer d’une feuille
L’oreiller du lit d’un cercueil[1] ?

D’autres fois on distingue bien les sexes, mais alors on n’évite pas l’assonance qui

    et révéré, soupir et désir riment assez bien, consacrée et révérée, soupire et désire rimeront encore mieux. » Restaud ne faisait là que constater une règle générale de notre prononciation, règle qui veut que l’accent tonique porte sur la dernière syllabe quand le mot ne se termine pas par un e muet, et sur l’avant-dernière, dans le cas contraire. On sait que c’est un étranger, l’abbé Scoppa, qui, le premier, en 1811, énonça cette loi si simple à laquelle depuis des siècles nous nous conformions sans nous en douter.

  1. (Premières Méditations poétiques.) Les Pavots.