Page:Barneville - Le Rythme dans la poésie française, 1898.djvu/127

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Il serait, par conséquent, puéril de donner des conclusions dogmatiques en semblable matière ; l’oreille du poète est ici le seul souverain juge ; ce qui revient à dire qu’il faut biffer de nos codes poétiques la tyrannique règle de l’alternance obligatoire des rimes. Malheureusement, je ne vois pas qu’en pratique on ait encore tenté cette réforme avec le tact désirable. Assez timides, en effet, sont les essais de nos poètes contemporains ; ou bien ils suppriment totalement la rime, ou bien ils la conservent à peu près telle qu’aux temps du romantisme. J’ai lu cependant quelques strophes d’Adolphe Retté, où rimes masculines et féminines se succèdent dans un désordre voulu, qui a son charme :

L’amant, qu’une douce fièvre
Attire à tes lèvres,
Te prendra, vierge pâmée.