Page:Barneville - Le Rythme dans la poésie française, 1898.djvu/163

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peut sourire en effet, comme le docte Bergeret d’Anatole France, « du préjugé religieux des poètes qui ne veulent point qu’on touche à l’instrument consacré par leur génie[1] ». L’Académie semble bien l’avoir compris, elle qui, dernièrement, sans s’intimider d’une prosodie peu classique, couronnait un de nos plus modernes joueurs de flûte, M. Fernand Gregh ?

Si donc, chez la plupart de nos audacieux aèdes, l’exécution laisse tant à désirer, ce n’est point une raison suffisante de se détour-

    à peu devient sensible aux rapports avec lesquels on l’a rendue familière ; le retour des mêmes impressions rythmiques lui est agréable. C’est donc qu’il faut nous contenter ici d’invoquer les lois de l’habitude, lois toutes relatives et variables, qui ne sont que des constatations. Plus une habitude est invétérée, et plus elle s’impose avec une nécessité presque invincible. Mais le plaisir de la répétition s’émousse à la longue, et il faut pour le raviver en modifier légèrement les conditions. Tel est le double principe qui domine toute controverse sur la versification. » [René Doumic, La Question du Vers libre (Revue des Deux Mondes du 15 juillet 1897).]

  1. Anatole France, Le Mannequin d’osier.