Page:Barneville - Le Rythme dans la poésie française, 1898.djvu/53

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Et puis passez ensuite à la grâce spirituelle du Discours à Madame de la Sablière, que, par une sorte de gageure, La Fontaine semble affecter d’écrire en pompeux alexandrins à rimes plates :

Si j’étais sage, Iris (mais c’est un privilège
Que la nature accorde à bien peu d’entre nous),
Si j’avais un esprit aussi réglé que vous,
Je suivrais vos leçons, au moins en quelque chose ;
Les suivre en tout, c’est trop, il faut qu’on se propose
Un plan moins difficile à bien exécuter ;
Un chemin dont sans crime on se puisse écarter.
Ne point errer est chose au-dessus de mes forces :
Mais aussi de se prendre à toutes les amorces.
Pour tous les faux brillants courir et s’empresser.
J’entends que l’on me dit : « Quand donc veux-tu cesser ?
Douze lustres et plus ont roulé sur ta vie ;
De soixante soleils la course entresuivie
Ne t’a pas vu goûter un moment de repos.
Quelque part que tu sois, on voit à tous propos
L’inconstance d’une âme en ses plaisirs légère,
Inquiète et partout hôtesse passagère ;