Page:Barneville - Le Rythme dans la poésie française, 1898.djvu/54

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Ta conduite et tes vers, chez toi, tout s’en ressent ;
On te veut là-dessus dire un mot en passant.
Tu changes tous les jours de manière et de style :
Tu cours en un moment de Térence à Virgile ;
Aussi rien de parfait n’est sorti de tes mains.
Eh bien ! Prends, si tu veux, encore d’autres chemins ;
Invoque des neuf sœurs la troupe tout entière ;
Tente tout, au hasard de gâter la matière ;
On le souffre, excepté tes contes d’autrefois ; »
J’ai presque envie, Iris, de suivre cette voix ;
J’en trouve l’éloquence aussi sage que forte.
Vous ne parleriez ni mieux ni d’autre sorte.
Serait-ce point de vous qu’elle viendrait aussi ?
Je m’avoue, il est vrai, s’il faut parler ainsi,
Papillon du Parnasse et semblable aux abeilles
A qui le bon Platon compare nos merveilles.
Je suis chose légère et vole à tout sujet ;
Je vais de fleur en fleur et d’objet en objet ;
A beaucoup de plaisir je mêle un peu de gloire.
J’irais plus haut peut-être au temple de mémoire,
Si, dans un genre seul, j’avais usé mes jours ;
Mais quoi ? je suis volage en vers comme en amours.

On le voit, cette langue universelle presqu’au même instant provoque les larmes et le sourire :