Page:Barneville - Le Rythme dans la poésie française, 1898.djvu/65

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Que t’a servi de fléchir les genoux
Devant un dieu fragile et fait d’un peu de boue
Qui souffre et qui vieillit pour mourir comme nous ?

Mais tu dois avec mespris
Regarder ces petits débris.
Le temps amènera la fin de toutes choses,
Et ce beau ciel, ce lambris azuré,
Ce théâtre où l’aurore épanche tant de roses
Sera brûlé des feux dont il est éclairé.

Le grand astre qui l’embellit
Fera sa tombe de son lit.
L’air ne formera plus ni gresle ni tonnerre,
Et l’univers, qui dans son large tour
Voit courir tant de mers et fleurir tant de terres,
Sans scavoir où tomber, tombera quelque jour.

Saint-Amand reprenait la strophe de dix vers octosyllabiques :

Tantôt délivré du tourment
De ces illusions nocturnes.
Je considère au firmament
L’aspect des flambeaux taciturnes ;
Et, voyant qu’en ces doux déserts
Les orgueilleux tyrans des airs