Page:Barneville - Le Rythme dans la poésie française, 1898.djvu/70

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Ruisseau, sur ma peine passée,
Fais couler l’oubli des douleurs
Et ne laisse dans ma pensée
Que ta paix, tes flots et tes fleurs.
 
Près de toi, l’âme recueillie
Ne sait plus s’il est des pervers ;
Ton flot pour la mélancolie
Se plaît à murmurer des vers.

Quand pourrai-je, aux jours de l’automne,
En suivant le cours de ton eau,
Entendre, et le bois qui frissonne,
Et le cri plaintif du vanneau ?

On ne peut nier que, dans les sujets sérieux, le vers implacablement correct des classiques du xviiie siècle distille un mortel ennui. Le sentiment du rythme est perdu. En présence de telles productions, on comprend le mot de Stendhal : « Le vers français ressemble assez à une paire de pincettes brillantes et dorées, mais droites et raides ; il ne peut fouiller dans les recoins. »