Page:Barneville - Le Rythme dans la poésie française, 1898.djvu/75

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Beuve[1], sinon au moyen âge, tout au moins à la Renaissance.

Victor Hugo a de la sorte simplement réédité plus d’un thème qu’il croyait créer. Au reste, à bien des points de vue, c’est un timide. Il craint manifestement de choquer l’oreille du public trop habitué aux phrases carrées. Il est d’une prudence extrême dans l’emploi des ternaires et il n’ose tirer parti des

  1. Sainte-Beuve écrivait en 1828 : « Cet alexandrin primitif, à la césure variable, au libre enjambement, à la rime riche, qui fut d’habitude celui de Du Bellay, de Ronsard, de d’Aubigné, de Régnier, celui de Molière dans ses comédies en vers et de Racine en ses Plaideurs, que Malherbe et Boileau eurent le tort de ne pas comprendre et de toujours combattre, qu’André Chénier, à la fin du dernier siècle, recréa avec une incroyable audace et un bonheur inouï, cet alexandrin est le même que la jeune école de poésie affectionne et cultive… Nos vieux poètes ne s’en sont guère servis que pour l’épître et la satire, mais ils en ont connu les ressources infinies et saisi toutes les beautés franches. On est heureux, en les lisant, de voir à chaque pas se confirmer victorieusement une tentative née d’hier et de la trouver si évidemment conforme à l’esprit et aux origines de notre versification. » (Tableau historique et critique de la Poésie française et du Théâtre français au xvie siècle.)