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Page:Bassompierre - Journal de ma vie, 1.djvu/267

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1609. juillet.

il le peut prendre sans nous offenser. » « Ce n’est pas cela, de par Dieu, me dit-il, il n’est que trop bon, et nous nous passerions bien a moins. »

Apres cela je luy desduisis tout mon fait (encores plus amplement que je n’avois fait au duc), que j’appuyai des meilleures raisons que Dieu me voulut inspirer. Il me dit en suitte que le duc luy avoit asseuré que je ne le presserois point de la response qu’apres le retour d’un voyage que j’allois faire en Allemaigne, et que, cependant, il estoit bien ayse de laisser remettre cet esprit allarmé, et de songer a son ayse un bon conseil a luy donner la dessus, a quoy il se trouvoit bien empesché. Je luy offris, de la part du roy, de l’interesser ; mais il me respondit qu’il estoit bon serviteur de son maitre, lequel estoit puissant de luy faire plus de bien qu’il ne luy en falloit, et pour toute sa famille. Il me demanda quand je partirois pour Allemaigne, et je luy dis que je ne prendrois que le lendemain pour m’apprester et attendre monsieur le reingraf[1] que j’avois envoyé querir, quy m’avoit promis que nous ferions ce voyage de compagnie. Il m’asseura que le duc, et luy, garderoint le secret.

Je partis donc apres que le reingraf fut venu, et allames coucher a Blamont, et le lendemain a Salbourg cheux le colonel Lutsbourg, nostre amy. Le lendemain nous vinmes coucher a Saverne, ou les

  1. Philippe Otto, rheingraf, comte, puis prince de Salm, fils de Frédéric, rheingraf, et de Françoise de Salm, sa première femme, mourut en 1634.