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ANTONIANO.

champ et ajoute que le cardinal de Trente lui donna un collier.

(D) Le duc de Ferrare le voulut avoir à Ferrare. ] Antoniano y récita quelques harangues, qui ont été imprimées [1] avec celles qu’il prononça à Rome : cela me ferait aisément croire qu’il fut professeur à Ferrare. Nicius Erythréus ne parle que des sciences qu’on y enseigna à Antoniano : pourquoi ne rien dire de celles qu’il y enseigna ? Ce n’est point pour de telles choses que la crainte d’être prolixe doit engager à la suppression. Je n’ai pu encore consulter la Vie de ce cardinal, composée par Joseph Castalion, où l’on voit sans doute sur quel pied il était à Ferrare et en quelle année il mourut, et bien d’autres particularités. Encore moins ai-je pu trouver un livre que M. Conrart avait envoyé à M. de Balzac. C’étaient des discours italiens du philosophe orateur [2]. M. de Balzac les méprise : Il est vrai, dit-il [3], que l’éloge du cardinal d’Ossat et celui du cardinal Silvio Antoniano, sont deux pièces assez raisonnables et dans lesquelles l’auteur n’imite pas malheureusement les comparaisons des vies de Plutarque. La longue invective, qu’il fait contre la noblesse, est le grand effort de son esprit : j’y ai remarqué de beaux endroits, et quelques choses de son invention outre celles qu’il a empruntées d’autrui, et particulièrement de la harangue de Caïus Marius dans la guerre Jugurthine. Je crois néanmoins que sans faire tort à sa matière il pouvait accourcir sa digression. Ce lieu commun qu’il a étendu si au long, qu’il a si curieusement et si ambitieusement étalé, ne devait être touché qu’en passant. Outre qu’il s’est fait par-là de puissans et de dangereux ennemis. Il n’avait que faire d’offenser tout ce qu’il y a de gentilshommes au monde, pour prouver que ce n’est pas un vice d’être fils d’un artisan ou d’un villageois.

« Jérôme Ruscelli, chap. VII de son Rimario, dit des merveilles du talent que Silvio Antoniano, qu’il appelle mal Antonio, avait pour l’impromptu. Il en rapporte une épreuve, qui s’en fit à Venise, en présence de la reine de Pologne [* 1], du cardinal Trivulce et du cardinal d’Ausbourg. Antoniano n’avait pas alors seize ans. Les princes d’Est le retinrent à Ferrare, où il fit des leçons publiques, comme le témoigne le même Ruscelli dans l’endroit cité. » Ceci vient de M. de la Monnoie.

(E) Voici ce qui concerne ses ouvrages. ] On a de lui, De Christianâ Puerorum Educatione ; Dissertatio de Obscuritate solis in morte Christi ; de Successione apostolicâ ; de Stylo ecclesiastico, seu de conscribendâ Ecclesiasticâ Historiâ ; de Primatu sancti Petri ; Lucubrationes in Rhetoricam Aristotelis et in Orationes Ciceronis ; plusieurs pièces de vers, quelques sermons, des notes et des préfaces sur le roman d’Achille Statius et sur le Térence de Gabriël Faernus [4] ; beaucoup de lettres, etc. On prétend qu’il a eu part au Catéchisme du concile de Trente [5]. Pour ce qui regarde ses lettres, ce sont des brefs apostoliques qu’il composa pendant qu’il fut secrétaire. J’en dirai quelque chose dans la remarque suivante. On les met au nombre des lettres d’où les écrivains d’anecdotes doivent faire leurs extraits [6]. Les autres sources sont les lettres des cardinaux Bembo et Sadolet, celles de Pierre Martyr, etc. Notez que son livre de Christianâ Puerorum Educatione, composé en italien à la prière du cardinal Charles Borromée, fut imprimé à Vérone, par les soins d’Augustin Valerio, évêque du lieu et cardinal [7].

(F) Le cardinal Bentivoglio me fournira un bon supplément de cet article. ] Il dit que l’on était encore incertain si Antoniano était né à Rome ; mais que l’on était certain qu’il y avait été élevé dès son enfance [8]. Il fut mis par Pie IV au service du cardinal Bor-

  1. (*) Bonne Sforce qui, en 1555, quitta la Pologne, pour se retirer à Bari, dans la Pouille.
  1. Par les soins de Joseph Castalion, en 1610.
  2. Voyez les Dissertations après le Socrate Chrétien, pag. 10.
  3. Là même, pag. 47.
  4. Nomenclat. Cardinal., pag. 178.
  5. Voyez Colomiès, Biblioth. choisie, pag. 36.
  6. Varillas, préface des Anecdotes de Florence.
  7. Possev. Appar. Sacr., tom. II, pag. 405, 443.
  8. Bentivoglio, Memorie overo Diario, cap. VII, pag. 109, editione Amstel., nell’ an. 1648.