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APIEN. APION.

sur l’autorité de Léandre Albert, et sur celle de Philippe de Bergame : Ut tradit, dit-il [1], Leander Albertus Bononiensis in Descriptione Italiæ, pag. 267, et Philippus Bergomas in Chronici continuatione qui M. Cæcilium appellat. Mais ce sont deux écrivains qui ne font aucune mention de l’île de Maguelonne ; et il est constant que le manuscrit ne fut trouvé dans ce lieu-là que par Albanus Torinus, l’an 1529. Philippe de Bergame, sans faire mention du lieu, dit seulement qu’Énoch Asculanus trouva, du temps de Nicolas V, ces deux livres-ci : Porphyrion sur Horace, et M. Cæcilius Apicius. Il dit cela sous l’année 1454. Herman Buschius s’accorde avec lui à l’égard du temps. Voici les paroles de Léandre Albert : Cujus (Enochi Asculani) industria M. Cælius Apitius et Pomponius Porphyrio in Horatium circa Nicolaum V. pontif. inventi ac è tenebris in lucem vindicati sunt [2]. Volaterran assure que Suidas dit que Marc Apicius composa un livre de Gulâ. Robert Étienne, grand copiste de Volaterran, assure la même chose dans son Elucidarium Poëticum. On les en a critiqués : vellem locum indicâssent, dit notre moderne [3], hoc enim apud Suidam non reperio.

  1. Joh. Albertus Fabricius, Biblioth. Lat., pag. 129.
  2. Leand. Albertus, in Descriptione Italiæ, pag. 404.
  3. Joh. Albertus Fabricius, Biblioth. Lat., pag. 132.

APIEN (Pierre), en latin Apianus, mathématicien allemand, au XVIe. siècle. Je n’ajouterai qu’une chose à ce que Moréri en a dit : c’est qu’on l’accuse d’avoir été plagiaire de Royaumont (A) [* 1].

  1. * Leclerc reproche à Bayle d’avoir traduit le nom de Regiomontanus.

(A) On l’accuse d’avoir été plagiaire de Royaumont. ] Ceux qui grossiront les listes des plagiaires déjà publiées, se pourront servir, s’ils veulent, de ce passage de G.-B. Benedetti : Hæc omnia, dit-il [1], tradita fuerunt et scriptis mandata ab antiquis et à recentioribus usurpata, ut facilè deprehendi potest in Erasmo Osualdo qui omnem ferè sui primi mobilis rationem à Petro Apiano desumpsit : Petrus verò Apianus hæc eadem cum multis aliis propositionibus à Monte-Regio accipiens sibi ipsi ascripsit.

  1. Joh. Baptista Benedictus, de Gnomonum Umbrarumque solarium usu, cap. II, folio 2.

APION, fameux grammairien, natif d’Oasis en Égypte (A), professa à Rome sous l’empire de Tibère [a]. On ne peut nier qu’il ne fût savant (B), et qu’il n’eût recherché avec beaucoup de diligence les antiquités les moins connues, et ce qui donne à l’érudition un caractere d’exactitude et un caractère de variété ; mais il avait tout l’orgueil d’un franc pédant (C), et il s’amusait trop à des questions difficiles et peu importantes (D). L’empereur Tibère ne connut pas mal le défaut de cet esprit ; car encore qu’on n’entende pas peut-être tout ce que ce prince voulait dire [b], on connaît sans peine qu’il prenait Apion pour un hâbleur, qui étourdissait le monde par une ostentation trop criante de son savoir. Cet homme fut chef de l’ambassade que ceux d’Alexandrie envoyèrent à Caligula, pour se plaindre des Juifs qui habitaient dans leur ville, avec lesquels ils avaient eu de grands différens. Il alla à Rome avec deux autres députés. Les Juifs envoyèrent aussi trois hommes [c] à Caligula pour justifier leur conduite. Philon était le chef de leur ambassade. Apion, animé de toute la haine que les

  1. Suidas in Απίων.
  2. Voyez la remarque (C).
  3. C’est selon Josephe, Antiquit. Judaïq., liv. XVIII, chap. X ; car Philon, pag. 1043, dit que les députés des Juifs étaient cinq.