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APROSIO.

(C) Ses écrits traitaient de matières éloignées de la vie religieuse. ou choses semblables. ] Je ne pense pas que les disputes sur l’Adonis du cavalier Marin fussent plus éloignées de la profession monastique, que les ouvrages suivans : Annotazioni di Oldauro Scioppio all’ Arte degli Amanti dell illustrissimo signor Pietro Michele nobile Veneto [1] ; Lo Scudo di Rinaldo, overo lo specchio del disinganno, Opera di Scipio Glareano [2] ; Le Bellezze della Belisa tragedia dell’ illustrissimo signor D. Antonio Muscettola, abbozzate da Oldauro Scioppio Accademico Incognito, Geniale, etc. [3]. Il y a plusieurs semblables compositions parmi les écrits non imprimés d’Angelico Aprosio ; mais il ne faut pas dissimuler, 1o. qu’on y voit aussi les leçons qu’il fit sur le prophète Jonas, dans l’église de Notre-Dame de la Consolation, à Gênes, l’an 1649, et l’an suivant [4] ; 2o. Qu’il publia en 1643, sous le nom d’Oldoro Scioppio, la traduction italienne qu’il avait faite des Sermons espagnols d’Augustin Osorius.

(D) L’occupation de démasquer les auteurs déguisés lui plaisait assez. ] Ce n’était pas tout-à-fait sans fondement que Scavenius débita qu’Aprosio avait fait un livre intitulé Bibliotheca Apocryphorum, où il restituait plusieurs ouvrages à leurs véritables auteurs ; car c’est à lui qu’on attribue deux écrits, dont l’un a pour titre, La Visiera alzata Necataste di alcuni scrittori che andarono in maschera fuori del tempo di carnevale ; et l’autre, qui n’est que la suite du précédent, s’appelle Pentecoste di alcuni autori anonimi e pseudonimi scoperti per Mantissa della Necataste della Visiera alzata. Le père Oldoïini ne nous apprend point si ces deux ouvrages étaient imprimés ou non ; il dit seulement qu’Aprosio les a écrits sous un autre nom : et l’on ne pourrait pas conclure qu’ils étaient imprimés, de ce qu’il cite dans la page suivante, La Visiera alzata evulgata sub nomine Friani Forbottæ ; car il fait assez connaître que ce Forbotta est distinct d’Angelico Aprosio [5]. On ne peut raisonnablement douter que les deux ouvrages qu’il attribue à notre Aprosio ne soient ceux dont il est parlé dans le journal de Leipsic [6]. Ils furent imprimés à Parme, en 1689. Le nom qui paraît à la tête est Jean Pierre Villani de Sienne, académicien humoriste, infécond, et genialis. Il paraît qu’ils avaient été dédiés dès l’an 1678 à messieurs Magliabecchi.

(E) Il paraît par le livre delle Glorie de gli Incogniti, qu’il fut agrégé à cette académie. ] Il fut imprimé à Venise, l’an 1647, in-4o. Le père Labbe a cru que Jean Francois Lauredan en était l’auteur [7] ; mais d’autres ne le croient pas, et ils se fondent, entre autres raisons, sur ce que l’éloge de Lauredan, qui est dans ce livre, est trop pompeux, pour devoir être attribué à Lauredan même [8]. On suppose que les vers qui sont à la tête de l’ouvrage, et qui félicitent Lauredan, non pas comme l’auteur du livre, mais comme le fondateur de l’Académie de gli Incogniti, ont été cause de l’erreur du père Labbe.

  1. Imprimé à Venise, en 1612.
  2. Ibid.
  3. Imprimé à Lovano, ou Loano, en 1664.
  4. Soprani, Scrittori della Liguria, pag. 23.
  5. Oldoïnus, in Append., Athen. Ligust.
  6. Mense jul., 1690, pag. 363.
  7. Labbe, Bibliot. Bibliothecar., pag. 118, edit. anni 1678.
  8. Placius, de Anonymis, pag. 115. Voyez dans le même volume le Catal. de Rhodius, pag. 23, 26.

APROSIO (Paul-Augustin), jurisconsulte, et académicien apatiste de Florence, naquit à Vintimiglia, d’une des principales familles du lieu, et qui peut se glorifier d’avoir produit, depuis le commencement du XVIIe. siècle, jusqu’à l’année 1667, neuf docteurs en droit, et un médecin. Celui dont je parle, ayant étudié à Gênes sous les jésuites, alla à Rome, pour y étudier la jurisprudence. Il se fit recevoir docteur, l’an 1649 ; après quoi, il s’en retourna chez lui, acheta beaucoup de livres curieux, et se retira dans une